''Maman'' de Régis Jauffret

Les mères sont les grandes héroïnes de la rentrée littéraire. Emmanuel Carrère, Amélie Nothomb, Justine Lévy ou encore Raphaël Enthoven leur consacrent leurs derniers ouvrages. Tout comme Régis Jauffret, dont son ‘‘Maman’’ répond en écho à l'un de ses précédents livres ‘‘Papa’’ publié en 2020.

« Un des buts de ma vie d'écrivain fut de ne pas parler de maman », confie-t-il pourtant page 31 de son roman. Qu'est-ce qui l'a fait changer d'avis ? « J'ai fait une découverte à propos de ma mère qui l'a fait complètement basculer, elle est devenue une autre personne. Donc, je suis parti à la recherche de ma mère. » En l'occurrence, il s'est aperçue de sa tendance mythomane et d'un mensonge qu'elle a eu à son sujet, qu'il considère comme une trahison.

La mort de l'auteure de ses jours à l'âge de 106 ans l'a également libéré : « C'est quelque chose que je mets à mon actif. Je n'aime pas du tout mettre des vivants dans mes livres. Je trouve que c'est un abus de pouvoir. »

Au fil des pages, Madeleine, Mado, Madelon ou encore Madonna, selon les différents noms que son fils lui donne, est tantôt ultra aimante, tantôt tyrannique, mais elle ne passe jamais inaperçue. À défaut d'être un personnage de fiction, elle devient sous la plume de son fils une magnifique héroïne, sujet de tendre poésie ou de farce totale, comme lors d'une scène délirante dans un cimetière : « Cette façon d'être dans le burlesque, ça me permet de parler, de dire beaucoup de choses. Je n'arrive pas à me prendre assez au sérieux pour faire de ma vie une tragédie. »

Avec ‘‘Maman’’, publié chez Récamier, Régis Jauffret dresse un portrait de sa mère sous autant de facettes que 250 pages ne parviennent pas à totalement enfermer.